Thomas Longchampt : «Parmi les forces du modèle universitaire, je retiens la liberté d’étudier »

 

Thomas Lonchampt

A5 – Peux-tu te présenter ? Où habites-tu et quel métier occupes-tu ?

Je m’appelle Thomas, j’ai 29 ans et j’habite à Nantes. Après une courte mais intense carrière de juriste du sport, je suis en reconversion professionnelle. Je suis inscrit cette année en L3 d’histoire à l’Université de Nantes. Mon projet est de devenir enseignant d’histoire-géographie-EMC dans le secondaire.

A5 – Quelle a été ta formation universitaire et ton engagement associatif ?

Je suis rentré à la fac de droit de l’Université de Bretagne Occidentale à Brest en 2010 après avoir validé un bac ES, et je suis sorti diplômé en 2017 du Master Professions juridiques du sport de l’Université de Bourgogne à Dijon. Après ma parenthèse professionnelle, je suis entré par équivalence en L2 d’histoire à l’Université de Nantes l’année dernière.
 
J’ai commencé l’associatif en poussant la porte de mon asso, l’ACID, l’association des étudiants en droit de Brest, en mai 2011. Je suis directement devenu secrétaire général de l’association. En 2012-2013, j’ai occupé le poste de président de l’association. Puis en 2013, j’ai eu la chance, après avoir rencontré Erwann Tison l’année où j’administrais l’ARES, de rentrer dans le bureau de la Fédération nationale comme Chargé de mission réseau. J’ai occupé le poste pendant deux ans. En parallèle, j’ai été secrétaire général puis président de la Fédé B sur le mandat 2014-2015, ainsi qu’élu CFVU entre 2014 et 2016 à l’Université de Bretagne Occidentale. En 2016-2017, j’ai occupé le poste de président de l’AMPJS, association des étudiants du M2 PJS à Dijon. Enfin, j’ai occupé le poste de comité de veille de l’ARES en 2017-2018 sous le mandat de Simon Valloire.
 

A5 – À quel point ton engagement a-t-il pu te préparer à l’entrée dans la vie active ? Est-ce de même pour tes études et ton parcours de formation ? Pour toi les études en Sciences Sociales forment-elles assez au monde du travail ?

L’engagement associatif est une expérience enrichissante qui te fait grandir très rapidement : tu es amené à monter des projets, à gérer un budget, à rendre des comptes, à travailler en équipe, et ton implication a des conséquences sur le travail de tes collègues. Selon ton niveau d’engagement, tu peux être amené à être responsable devant la loi, à devoir diriger une équipe, à prendre des décisions. C’est une formation accélérée au monde du travail en entreprise. En revanche, le système universitaire à la fac de droit était (en tout cas à cette époque) très scolaire, et il n’était pas forcément possible de reproduire ce qu’on a appris dans le réseau associatif à ses études. Toutefois, l’engagement associatif permet, à certains égards, de travailler son aisance dans la prise de parole en public, d’éveiller son esprit critique, d’avoir un esprit de synthèse, qui peuvent être un atout dans les études.

Pour ma part, les études ne m’avaient pas permis de me décider sur ce que je voulais faire, et finalement c’est ma passion pour le sport qui avait décidé du master que j’allais faire. Mais même là, il y avait un grand décalage entre ce que j’apprenais en cours, malgré la formation professionnalisante, et ce que j’ai connu rapidement dans le monde du travail. Même si le master est passé depuis en alternance et a donc pallié ce problème. Finalement, mon expérience associative m’a énormément aidé à combler cette carence. 

A5 – Selon ton analyse quelles sont les forces et faiblesses du modèle universitaire ? Tu es doté d’une baguette magique, cite 3 choses que tu améliorerais dans les études supérieures

Parmi les forces du modèle universitaire, je retiens la liberté d’étudier (jusqu’à la sélection en master quoi) permise notamment par la relative gratuité à l’université. Il y a aussi la liberté pédagogique des professeurs. Certains y voient une faiblesse car deux enseignants peuvent avoir une approche divergente sur un même objet scientifique, mais c’est ce qui fait que l’université est unique. Je l’ai moins perçu quand j’étais en droit car j’avais l’impression que c’était essentiellement du par cœur. En histoire, cependant, c’est quelque chose que je peux voir. Enfin, la vie sur le campus permet à des personnes diamétralement opposées de se rencontrer.

Parmi les principales faiblesses, il y a le manque de financement de l’université aujourd’hui et cela se ressent dans les conditions d’études. Il y a également un manque de professionnalisation qui fait que beaucoup d’étudiants se retrouvent sur le carreau avec un bac+5. Concernant les sciences sociales, en tout cas pour les cas du Droit et Économie-Gestion, les parcours sont encore beaucoup trop sclérosés (enfin de ce que j’ai pu voir mais comme je suis vieux, je ne suis peut-être plus à la page), et pourtant ce sont des disciplines qui communiquent énormément dans le monde du travail. Je vois le bénéfice des parcours commun avec ma reprise d’étude en histoire, j’étudie l’archéologie, l’histoire de l’art, je suis dans un parcours géographie, c’est transdisciplinaire et c’est une force.

Si je devais changer trois choses :

– Augmenter le budget des universités

– Là c’est extrêmement intéressé et inhérent à ma situation : revoir certaines choses dans le régime de la formation continue (j’aurai beaucoup de choses à dire !!), la première étant d’arrêter avec ces montants d’inscription aberrants et incohérents d’une université à l’autre. Elle est d’autant plus difficile à supporter que mon inscription n’est pas prise en charge par Pôle emploi ou un employeur. Heureusement que j’avais encore des crédits dans mon compte personnel de formation pour l’année dernière ! La seconde étant de permettre, en tant qu’usager du CROUS, de pouvoir prendre part aux élections (car les étudiants en formation continue en sont exclus), et ne pas être juste un simple client.

– Favoriser la transdisciplinarité pour mieux préparer au monde du travail.

A5 – Est-ce que le réseau est déterminant dans la recherche d’emploi ?

Le réseau de l’A5 est la suite de l’ARES qui est une fédération nationale transdisciplinaire, alors forcément il offre une variété de profils dans toutes les branches des sciences sociales, et dans des secteurs variés aux quatre coins de la France. Chaque membre de ce réseau hétéroclite a son propre réseau professionnel, et quand on tisse la toile, les possibilités peuvent être infinies ! Le réseau de l’A5 est toujours prêt pour relire des CV, des lettres de motivation, pour partager son expérience. Et la cerise sur le gâteau, il se peut que des anciens recrutent au sein du réseau pour leur propre boîte.

A5 – Pour toi l’intérêt de l’A5 c’est ? Comment tu vois l’A5 dans 10 ans ?

Pour moi l’A5 est un réseau d’entraide, quel qu’il soit, entre vieilles et vieux du réseau. C’est un réseau fait pour que la nostalgie reste entre vieilles et vieux et qu’elle ne vienne pas polluer les personnes en mandat. L’A5 se doit d’être là pour accompagner les jeunes retraités associatifs après leur engagement afin d’absorber le contre-coup. Enfin l’A5 se doit de rester une oreille attentive pour l’ARES tout en sachant rester à sa place. 

Pour moi l’A5 dans 10 ans ce sera un réseau avec toujours plus de vieilles et vieux, toujours plus de souvenirs et toujours plus vivantes et qui restera toujours très loin des préoccupations, des choix politiques du bureau en place, et qui s’assurera qu’aucun d’entre nous ne vienne interférer avec celles et ceux qui feront l’ARES de demain.

A5 – Enfin pour finir, quel est ton meilleur souvenir associatif ?

[Instant canard] Celui d’avoir pu rencontrer Paula . Sinon le tour de réseau 2013-2014, avoir traversé la France pendant 1 mois, d’avoir fait autant de villes, de campus, rencontrer autant de gens en si peu de temps, et découvrir la playlist matinale d’Erwann Tison, ça n’a pas de prix.

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