Auteur : Madian Al Abbas

Régulièrement, retrouvez sur le site de l’A5 des interviews de membres de notre réseau qui partageront leur parcours, leur expérience et l’importance qu’a eu l’associatif dans leur transition avec le monde professionnel.  

A5 – Peux-tu te présenter ? Où habites-tu et quel métier occupes-tu ?  

Je suis Axelle Poujol, j’ai 26 ans, j’habite à Paris et je suis juriste chez Bpifrance.

A5 – Quelle a été ta formation universitaire et ton engagement associatif ?   

J’ai une licence de droit privé, un Master 1 droit des affaires de l’Université Panthéon Assas puis je me suis spécialisée en droit des nouvelles technologies et de la propriété intellectuelle en effectuant mon Master 2 à l’Université Paris-Descartes en alternance à l’IGN, l’Institut de Géographie National. A l’issue du Master 1, j’ai également obtenu le concours d’entrée à l’école du barreau. Après mon Master 2, je suis donc entrée à l’Ecole de Formation du Barreau de Paris, de laquelle je suis sortie diplômée du CAPA en 2019. Ensuite, j’ai poursuivi avec un LLM (Master de droit à l’étranger) à l’Université de Sussex (Angleterre), en propriété intellectuelle et nouvelles technologies. Je suis ensuite entrée dans la vie active chez Bpifrance en fin d’année 2020, d’abord en intérim puis en tant que Juriste en CDI en mars 2021.

Dès ma première année de droit, j’ai intégré l’association Assas.net, association d’entraide étudiante qui organisait également de nombreux évènements culturels, festifs, humanitaires. Durant mes études, j’ai été responsable du pôle évènementiel, secrétaire générale et présidente du conseil de surveillance. En parallèle, j’ai également été élue UFR 1^er cycle et élue suppléante au CA de l’Université Panthéon-Assas. J’ai ensuite présidé l’association de mon Master 2, qui organisait notamment des évènements d’insertion professionnelle (conférences, colloques, rencontres avec des professionnels) et des évènements liés à la vie du Master (participation à des concours de plaidoirie, remise des diplômes).

J’ai également pris un engagement national à l’ARES en intégrant le Bureau National 2013 – 2014 sous la Présidence d’Erwann Tison en février 2014 en tant que Vice-présidente insertion professionnelle, mandat que j’ai conservé pour le BN 2014 – 2015 pour la 2^nde année de présidence d’Erwann.

A5 – À quel point ton engagement a-t-il pu te préparer à l’entrée dans la vie active ? Est-ce de même pour tes études et ton parcours de formation ? Pour toi les études en Sciences Sociales forment-elles assez au monde du travail ? 

L’engagement associatif permet d’acquérir des compétences personnelles et professionnelles, des « soft skills », qui sont complémentaires de ce qu’on acquière durant nos études. Ces compétences sont réellement un atout pour la vie active. A titre d’exemple, le simple fait de prendre un engagement associatif, qu’il soit local ou national, implique, lorsque l’on souhaite réellement s’investir, de trouver une bonne organisation et un bon équilibre dans la gestion de ses tâches. On apprend également à travailler parfois dans l’urgence, à prioriser les tâches… Des exigences que l’on retrouve au quotidien dans la plupart des métiers.

D’autre part, l’engagement associatif implique également souvent de rencontrer des personnes d’horizons différents, d’échanger avec des personnalités différentes, de débattre de points de vue différents, de travailler en équipe… Autant de compétences qui sont utiles dans la majorité des métiers, qui impliquent souvent du travail d’équipe et/ou a minima des interactions sociales avec des personnes variées et de savoir donc communiquer.

Par ailleurs et à titre personnel, durant mes engagements associatifs, j’ai été amenée à beaucoup rédiger (articles, contributions, post sur les réseaux sociaux), ce qui m’a permis d’améliorer mes compétences rédactionnelles, d’apprendre la gestion de sites et réseaux sociaux, les bases du community management… J’ai également été amenée à monter et suivre des projets, à superviser une équipe : autant de compétences qui me sont aujourd’hui utiles dans mon travail de juriste, car ces compétences polyvalentes me permettent d’être plus efficace et de sortir un peu de la simple sphère juridique de mon métier.

Pour ce qui est des études et de mon parcours de formation, ceux-ci m’ont préparée à l’entrée dans la vie active en me donnant les connaissances nécessaires à l’exercice de mon métier, et en m’apprenant à surtout chercher l’information et à comprendre mon environnement. Par ailleurs, les périodes de stage / d’alternance permettent également de mettre en pratique rapidement les connaissances acquises et d’acquérir également les codes du monde du travail : l’alliance des deux me paraît donc essentielle pour réellement avoir les aspects théoriques et pratiques suffisants à l’exercice de nos métiers. La polyvalence des compétences personnelles et professionnelles acquises est un atout pour poursuivre mon métier mais également pour envisager d’autres voies le cas échéant.

Cependant, les études en sciences sociales me paraissent encore rester assez éloignées du monde du travail et des problématiques quotidiennes auxquelles nous sommes confrontés. S’il est important d’acquérir dans les premières années des connaissances théoriques solides, la mise en pratique de ces connaissances intervient peut-être trop tardivement pour être un réel atout pour tous. En outre, les possibilités de réaliser des périodes professionnalisantes réellement utiles type stage ou alternance restent très inégalitaires et conduisent à défavoriser certains étudiants qui auront plus de difficultés à entrer dans la vie active sur les postes qui devraient naturellement être la suite de leur formation.

Il est à mon sens impératif de réformer nos universités et d’essayer au maximum de gommer ces inégalités afin de pallier (à tout le moins d’essayer de pallier) les inégalités sociales inhérentes à notre système et permettre ainsi à tous d’acquérir l’ensemble des compétences nécessaires, tant personnelles que professionnelles, à l’entrée et au maintien dans la vie active. En outre, il est impératif de s’attaquer également à une réforme en profondeur des formations proposées en sciences sociales, afin de les adapter à la réalité des métiers d’aujourd’hui et de demain.

Outre les universités, les écoles professionnelles telles que les écoles du barreau devraient également faire l’objet d’une réflexion en profondeur amenant à de nombreuses réformes afin d’une part de les rendre accessibles à tous sans discrimination objective telle que leur prix et d’autre part de les rendre beaucoup plus professionnalisantes avec des contenus plus utiles pour exercer les métiers accessibles par ces formations.

A5 – Selon ton analyse quelles sont les forces et faiblesses du modèle universitaire ? Tu es doté d’une baguette magique, cite 3 choses que tu améliorerais dans les études supérieures  

Les forces du modèle universitaire résident dans la qualité des enseignements théoriques, la pluralité d’opinions qui y est possible, la quasi-gratuité des enseignements et la diversité de formations proposées. Ses faiblesses sont le manque de moyens découlant d’un manque d’investissements qui nuit à la qualité des formations et à la qualité de vie des étudiants, les inégalités entre universités, les lacunes en termes de formations pratiques et d’aides à l’insertion professionnelle et le manque de souplesse dans l’adaptation des formations au monde d’aujourd’hui et de demain.

3 choses parmi d’autres que j’améliorerais :

• L’adaptation des formations, avec des contenus théoriques et pratiques dès les premières années, afin de les faire correspondre aux métiers d’aujourd’hui et de demain ;
• La présentation et la communication sur les différents métiers existants, par l’organisation de nombreux évènements permettant aux étudiants de découvrir des métiers et d’affiner leurs objectifs en termes de parcours professionnel ;
• Une réelle multiplication et la garantie d’une accessibilité pour tous à des périodes professionnalisantes type stages et alternances réellement encadrées afin de correspondre à la formation initiale de l’étudiant et de lui apporter des compétences professionnelles nouvelles qui lui seront utiles pour l’avenir.

A5 – Est-ce que le réseau est déterminant dans la recherche d’emploi ?  

A mon sens, le réseau est aujourd’hui un facteur clé dans la recherche d’emploi. A titre d’exemple, j’ai effectué mon Master 2 en alternance sous la direction de la Cheffe de la mission juridique et de la réglementation de l’IGN (qui était un partenaire de mon master). Aujourd’hui cette personne est directrice de la direction du pilotage des programmes et du support juridique et ma N+2 chez Bpifrance. C’est grâce à elle que j’ai obtenu l’opportunité de postuler en tant que juriste au sein de cette direction.

Un autre exemple : pour mon premier stage à l’Ecole de formation du barreau, une amie m’a parlé d’un poste de stagiaire au sein de l’Autorité de Régulation des jeux en ligne (ARJEL, devenue Autorité Nationale des Jeux – ANJ aujourd’hui) et qui m’a recommandée pour un entretien. Je n’avais jamais entendu parler de cette autorité et n’aurais jamais donc pensé à y postuler. Finalement, j’ai pu intégrer le département de lutte contre l’offre illégale de jeux pour 6 mois, et ce fut l’un de mes meilleurs stages.

Le réseau est un créateur d’opportunités : l’emploi sera obtenu par le candidat grâce à ses qualités professionnelles et personnelles, mais il est certain qu’aujourd’hui, le réseau joue un rôle déterminant dans l’obtention d’opportunités et la facilitation de rencontres qui permettent de décrocher un emploi.

A5 – Pour toi l’intérêt de l’A5 c’est ? Comment tu vois l’A5 dans 10 ans ? 

A mon sens, l’intérêt de l’A5 est double :

D’une part, l’A5 présente un intérêt « social », notamment en créant une dynamique par l’organisation d’événements favorisant la conservation du lien entre les personnes ayant fait partie de la même organisation, parfois à des périodes différentes. Cela favorise les rencontres, les moments conviviaux, et cela suscite des échanges intéressants et enrichissants dans un cadre informel.

D’autre part, l’A5, en tant qu’association d’anciens, présente un intérêt « professionnel » : elle favorise les échanges intra et inter générations et permet donc d’agir comme un créateur d’opportunités professionnelles. Le réseau étant aujourd’hui essentiel à la recherche d’emplois, l’A5 représente un des moyens pour favoriser la création d’opportunités professionnelles et cet axe permet ainsi d’ouvrir des perspectives intéressantes pour chacun.

Dans 10 ans, je vois l’A5 comme une entité toujours fédératrice autour d’évènements conviviaux et festifs mais aussi comme une entité qui favorise la création d’opportunités professionnelles : aujourd’hui, beaucoup d’anciens de l’ARES et membres de l’A5 sont entrés dans la vie active depuis plusieurs années, et des opportunités professionnelles vont donc mécaniquement pouvoir se multiplier grâce à l’A5, qui jouera le rôle d’intermédiaire inter – et intra – générationnel.

A5 – Enfin pour finir, quel est ton meilleur souvenir associatif ? 

Mon meilleur souvenir associatif est à l’ARES : paradoxalement, il s’agit du jour où nous avons rendu notre mandat en 2015. L’année avait été compliquée, et cela a été un grand moment de fierté personnelle et de fierté à l’égard de tous mes collègues présents sur l’estrade qui ont présenté leurs bilans et de tous les associatifs qui nous avaient suivi cette année-là, de se rendre compte du travail accompli et du chemin parcouru. Cela a été un grand moment de bonheur. Paradoxalement car mon meilleur souvenir associatif est aussi un grand moment de tristesse :  tristesse à l’idée de ne plus être au cœur de l’organisation, tristesse de ne plus avoir ce sentiment d’appartenance et cette cohésion d’équipe unique, tristesse à l’idée que chacun allait prendre un chemin différent. Mais finalement, l’avenir a démontré que pour beaucoup nous avons continué à nous voir, nous sommes mêmes devenus pour certains très proches et c’est en ça que ce souvenir reste mon meilleur souvenir associatif : il symbolise à la fois la fin de tout une période très marquante dans ma vie, mais aussi le début d’une nouvelle qui l’a été également. Longue vie à l’ARES et merci (car c’est important de dire merci) ! 😉