« Il faut remettre l’humain au coeur des apprentissages » interview d’Alexandra Borde

A5 – Peux-tu te présenter ? Où habites tu et quel métier occupes-tu ?

Alexandra Borde – Bonjour l’A5, je suis Alexandra BORDE, Aixoise de cœur en expatriation à Paris depuis peu. Avocate depuis plus de 3 ans, d’abord au Barreau d’Aix en Provence, puis au Barreau de Paris, j’exerce en qualité de collaboratrice libérale dans un cabinet spécialisé en droit public.

A5 – Quelle a été ta formation universitaire et ton engagement associatif ?

AB – J’ai effectué l’ensemble mon parcours en droit à Aix Marseille Université, de la licence 1 au Master II, avec une expérience Erasmus à University College London. J’ai été inscrite à l’Institut d’études judiciaires de la faculté de droit d’Aix en Provence, puis suite à l’obtention du CRFPA, j’ai été formée à l’École des Avocats du Sud Est. Mon engagement associatif, a été local et national. J’ai débuté en tant que vice-présidente « culture et communication » du BDE DROIT ECONOMIE Aix Provence, poste qui m’a permis de mettre en place plusieurs projets devenus pérennes au sein de l’association, puis, plus tard, en tant que secrétaire générale adjointe, et, enfin un mandat à l’ARES au sein du pôle communication, en tant que community manager. Concernant mon parcours d’élu, j’ai eu plusieurs mandats au ex- CEVU (conseil des études et de la vie universitaire devenu CFVU), et dans différentes commissions (FSDIE et FSDIE social).

A5 – A quel point ton engagement a-t-il pu te préparer à l’entrée dans la vie active ? Est-ce de même pour tes études et ton parcours de formation ? Pour toi les études en sciences sociales forment-elles assez au monde du travail ?

AB – Mon engagement étudiant a été complémentaire de mon cursus académique, et, a clairement permis de mettre en avant les atouts à exploiter pour l’exercice du métier que j’envisageais de faire, mais également les points à améliorer. Exercer comme avocate de manière libérale, implique nécessairement d’avoir des compétences dans d’autres sciences sociales que le droit; il ne suffit pas d’être bon en droit pour être avocat, et surtout pour le rester : on devient aussi un « chef d’entreprise », un « gestionnaire de projet », un « communicant » et un « manager ». Avoir été confrontée en associatif, notamment, à la gestion de l’humain, aux problématiques de comptabilité, la mise en place d’un plan de communication, a permis très tôt de prendre conscience de la nécessité de se former, et de savoir s’entourer de personnes compétentes en cas de doute. La gestion des problématiques rencontrées au travail l’est de manière moins stressante avec un vécu associatif. Concernant l’adéquation entre la formation universitaire et les exigences du marché du travail, je ne vais parler que de celle que je connais le mieux à savoir, celle en droit. Je vais dresser un constat assez mitigé, de l’avis de beaucoup d’anciens étudiants, le cursus, et même les Master II, ne préparent pas à la vie professionnelle. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’ai ressenti le besoin de faire un second master II, plus adapté. Le responsable de ce Master II a compris l’importance d’avoir un réseau d’anciens solide, et diffuse des offres d’emplois régulièrement. Le choix des matières, et leur enseignement, méconnait les besoins et les attentes des professionnels. Il est malheureusement possible qu’un étudiant, après 5 ans de droit n’ait pu apprendre d’une seule procédure sur les 3 existantes (civile administrative et pénale) et, se retrouve à l’école des avocats à devoir apprendre en 6 mois ce qui aurait dû l’être en 5 ans, ou n’ait jamais rédigé un seul acte juridique. Il serait plus pédagogique de diversifier les modalités d’examen et de renforcer l’aspect pratique des enseignements afin de former de (mieux) former les juristes de demain.

A5 – Selon ton analyse quelles sont les forces et faiblesses du modèle universitaire ? Tu es doté d’une baguette magique, cite 3 choses que tu améliorerais dans les études supérieures.

AB – Idéalement, un modèle universitaire où serait mis en avant et valorisé les aptitudes de chacun au lieu d’essayer de formater les étudiants dans le même moule, au demeurant dépassé compte tenu des exigences du marché du travail actuel. Je garde en tête la formule d’un de mes anciens professeurs « lorsqu’on pense tous, la même chose, c’est que l’on a arrêté de penser ». D’une part, je privilégierais des examens pratiques et plus longs (goodbye les QCM), pour lesquels les étudiants disposeraient de supports autorisé (codes, ouvrages) comme cela se fait dans les universités anglo-saxonnes, afin de favoriser la réflexion et l’organisation des idées, au lieu de faire perdurer cette culture « du par cœur ». D’autre part, il est grand temps que l’apprentissage des langues soit réformé; il n’est pas possible d’avoir de progression significative en étant formé sur un ordinateur. Enfin, je privilégierais une pédagogie bienveillante pour remettre « l’humain » au centre de l’apprentissage.

A5 – Est-ce que le parcours extra-scolaire prime sur le diplôme pour toi, dans un processus de recrutement ?

AB – Le parcours extra-scolaire, selon sa qualité et réalité de l’engagement, est un bon indicateur de la personnalité et des qualités humaines d’un candidat. A diplôme égal, je préfère recruter une personne avec moins de mentions, mais qui a eu un engagement associatif pertinent, plutôt qu’une personne qui a un parcours universitaire plus classique voire exemplaire, mais qui s’est uniquement concentrée sur ses études. L’engagement associatif marque l’envie de contribuer au changement, et, les idées et la passion, seront toujours plus vecteurs de réussite professionnelle que les diplômes.

A5 – pour toi l’intérêt de l’A5 c’est ?

AB – L’intérêt de l’A5 est double, il permet d’une part pour les membres du réseau, et au-delà, de rester en contact. C’est un réseau professionnel de personnes ayant eu des objectifs et intérêts communs, qui peuvent s’accompagner, et parfois se rassurer, dans leurs évolutions professionnelles. D’autre part, l’A5 a indéniablement un rôle à jouer dans l’insertion et accompagnement des associatifs plus jeunes.

A5 – Enfin pour finir, quel est ton meilleur souvenir associatif

AB – Au cours de ces longues d’années d’engagement, il y a eu beaucoup de moments significatifs, bons et moins bons, qui ont forgés mon évolution personnelle et mes convictions. Un des souvenirs les plus fort, est certainement lorsque lors de ma première année d’engagement, nous avons réorganisé le spectacle satyrique « les Rachimbourgs » après 6 années d’absence. Cela n’a pas été de tout repos, mais c’est un grand fierté, d’avoir co-organisé ce projet et de lui avoir permis de renaître de ses cendres, à partir de peu de moyens, mais beaucoup d’énergie, et de voir, que des années après, il est encore organisé par l’association. J’ai beaucoup de gratitude pour ces moments, et surtout pour les personnes que j’ai rencontrées au cours de cette année-là. Le meilleur souvenir ce sont finalement les personnes qui sont entrées dans ma vie pendant mon engagement, et qui sont depuis un soutien et une famille.

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